Comment la maltraitance infantile est-elle perçue par les Français? Quelles sont leurs connaissances en matière de signalement? Pour le savoir, l’association l’Enfant Bleu, qui œuvre depuis vingt ans pour lutter contre ce phénomène, a réalisé une étude sur ce sujet encore tabou.

Sommaire

  1. Les démarches de signalement, encore trop souvent méconnues
  2. Plus de 20 % des Français auraient été maltraités durant leur enfance
  3. Chez les victimes, le silence prime
  4. Qu’en est-il de la prévention ?

L’association l’Enfant Bleu, luttant contre la maltraitance infantile, vient de publier une étude concernant la vision des Français sur les violences faites aux enfants. Premier constat : la très grande majorité des Français (97 %) estime que la lutte contre la maltraitance infantile est un objectif prioritaire. Pour les sondés, il s’agit d’un phénomène fréquent touchant tous les milieux sociaux, également présent dans leur entourage direct (famille proche, amis) ou indirect (famille élargie, voisins, collègues). Plus préoccupant encore, 36 % des Français estiment qu’au cours des dernières années, un cas de maltraitance d’enfant s’est probablement ou certainement produit dans leur entourage.Les démarches de signalement, encore trop souvent méconnuesLa lutte contre la maltraitance est donc un véritable enjeu de société, mais semé d’embûches. Près de 80 % des sondés considèrent qu’il s’agit d’un sujet tabou, parfois difficile à définir. De ce fait, le bon comportement à adopter est parfois flou. Ainsi, beaucoup préfèrent rester dans le cercle privé en privilégiant des discussions entre adultes proches (27 %), avec l’enfant victime (14 %) voire avec l’auteur présumé (11 %). Et les solutions institutionnelles (services sociaux, la police, les professionnels de santé, les associations ou du numéro d’appel national (119)…) sont peu adoptées. D’ailleurs, les Français estiment majoritairement n’être “pas suffisamment informés” sur ce sujet.Plus de 20 % des Français auraient été maltraités durant leur enfanceL’enquête s’est aussi portée sur le vécu des sondés. Ainsi, 22 % d’entre eux déclarent avoir été victimes d’actes assimilables à de la maltraitance. La plupart de ces victimes témoignent d’une maltraitance de nature sexuelle, principalement des attouchements. De plus, 8 % affirment avoir subi une maltraitance psychologique (menaces, insultes, humiliations), 5 % des violences régulières et enfin 3 % une négligence en terme de soins et d’hygiène. “Certaines personnes ayant connu à elles seules plusieurs types de maltraitance, le total dépasse donc 22 %”. Dans majorité des cas, les personnes interrogées évoquent des maltraitances à la fois à l’intérieur et en dehors du cocon familial.Chez les victimes, le silence primeUne tendance forte ressort de cette enquête : les victimes parlent peu. Moins d’une personne sur cinq affirme avoir parlé de la maltraitance au moment des faits. Ceux ayant osé s’exprimer se sont principalement tournés vers leurs parents, un autre membre de leur famille ou un autre enfant. Mais chose surprenante et inquiétante : même après avoir dénoncé une maltraitance, les problèmes ont continué. Seuls 43 % déclarent que la maltraitance s’est arrêtée en totalité, 18 % en partie, et 34 % indiquent qu’elle s’est poursuivie. Près de la moitié des personnes interrogées ont le sentiment d’avoir été aidées après s’être exprimées. Les autres (48 %) se sont sentis dépourvus. Enfin, 17 % des Français affirmant avoir témoigné d’une situation de maltraitance ont bénéficié d’un suivi thérapeutique.Qu’en est-il de la prévention ?Dénoncer des violences et les agresseurs est essentielle, mais la prévention est tout aussi primordiale. A ce sujet, 60 % des parents ayant participé à l’enquête indiquent avoir déjà abordé le sujet de la maltraitance avec leur(s) enfant(s). Et 90 % des Français sont favorables à ce que le sujet de la maltraitance soit abordé systématiquement par les professeurs avec leurs élèves.

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