S’il n’existe pas d’aliment “anticancer en soi“, une bonne alimentation pourrait prévenir un cancer sur trois, selon un rapport d’expertise de l’Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (Anses) rendu public le 26 mai 2011.
Pas d’aliment anti-cancer spécifiqueIntitulé
“Nutrition et cancer : légitimité de recommandations nutritionnelles dans le cadre de la prévention des cancers“, ce document de 78 pages met en évidence l’absence d’aliment ayant la capacité, à lui seul, de prévenir le développement de cancers. Cette mise au point tord le cou aux régimes anti-cancer et autre alimentation anti-cancer dont certains nutritionnistes vantent les mérites dans des ouvrages ou dans la presse.Le travail des experts repose sur les données de la littérature internationale ; il révèle qu’un tiers des cancers les plus communs pourraient être évités dans les pays industrialisés et un quart dans les pays en développement, par une alimentation conforme aux recommandations émanant des autorités sanitaires. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas spécifiques à la prévention anti-cancer, ce qui conforte leur bien-fondé, soulignent les experts.Alimentation : 5 facteurs de risque de cancerLeur analyse de la littérature scientifique a confirmé que 5 des facteurs de risque dont le niveau de preuves est jugé convaincant ou probable par le Fonds international de recherche contre le cancer (
WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR), constituent également pour la population française, au regard de son alimentation, des facteurs de risque importants mais évitables de cancers. Il s’agit : Des
boissons alcoolisées, dont l’implication dans les
cancers de la bouche, du pharynx, du
larynx, de l’sophage, du
côlon -rectum chez l’homme et du
sein, est jugée convaincante, et probable dans les cancers du foie et du côlon-rectum chez la femme ; Du surpoids et de l’obésité, impliqués de façon modérée dans le développement de plusieurs cancers (sophage, endomètre,
rein, côlon-rectum,
pancréas, sein après la ménopause) ; Les viandes rouges et la charcuterie, jouant un rôle modéré mais presque certain dans le cancer colorectal ; Le sel et les aliments salés, probablement en cause dans le cancer de l’
estomac ; Les compléments alimentaires à base de β-carotène, très certainement impliqués dans le
cancer du poumon chez les fumeurs.Les auteurs du rapport rappellent à l’inverse que l’
activité physique prévient le cancer du côlon, que la consommation de fruits et légumes a probablement un effet protecteur vis-à-vis de plusieurs cancers (bouche, pharynx, larynx, sophage, estomac, poumon) et que
l’allaitement prévient le cancer du sein. Trois comportements qui font d’ailleurs l’objet d’une forte promotion de la part des autorités sanitaires dans le cadre plus général d’une bonne santé des populations, mais qui sont encore trop peu suivis.Reprenant les messages du 2ème Plan national nutrition santé (PNNS 2), l’Anses recommande donc de réduire sa consommation de boissons alcoolisées, de veiller à avoir une alimentation équilibrée et diversifiée et de s’astreindre à une activité physique à raison d’au moins 30 minutes chaque jour. Mais en aucun cas les auteurs encouragent à privilégier un aliment en particulier ou, au contraire, à en supprimer totalement un autre de son alimentation.Des études à menerCe travail, qui a duré 4 ans, a mis en lumière le manque de données et les limites des connaissances actuelles. Les experts encouragent donc les chercheurs à poursuivre leurs travaux et à en initier de nouveaux, afin que les recommandations actuelles s’en trouvent consolidées ou, au contraire, adaptées. Plus particulièrement, ils suggèrent de : de mener des études épidémiologiques sur les relations aliments et cancers dont le niveau de preuve est qualifié de “probable“ ; D’étudier l’impact d’alimentations complexes et les interactions entre aliments en tenant compte de la dose et de la forme des apports ; D’analyser l’effet d’expositions précoces, notamment in utero, à certains facteurs nutritionnels ; D’identifier, si possible, les polymorphismes génétiques, autrement dit les particularités individuelles qui font que chacun ne répond pas de la même façon à un facteur de risque ; D’étudier et d’évaluer l’impact des méthodes de préparation, de cuisson et de conservation des aliments, aussi bien à l’échelle individuelle qu’industrielle ; De mener des analyses bénéfices-risques pour les aliments dont on sait qu’ils contiennent à la fois des composés bénéfiques et des composés délétères pour la santé.Autant de pistes de recherches qui, on l’espère, ne resteront pas au fond d’un tiroir…Amélie PelletierSourceRapport de l’Anses, “Nutrition et cancer : légitimité de recommandations nutritionnelles dans le cadre de la prévention des cancers“, 26 mai 2011 (
téléchargeable sur le site de l’Anses)Click Here: gold coast suns 2019 guernsey