Son nom reste associé à la défense de la cause animale. Des ses Mémoires, Il faut continuer de marcher! (éd. La Martinière), Allain Bougrain-Dubourg retrace son parcours de combattant mais aussi sa vie d’homme et de père.

Allain Bougrain-Dubourg ne l’avait jamais fait. Nous avons insisté. Alors, il lui a téléphoné là-bas, en Israël où elle travaille. Elle allait bientôt revenir à Paris, mais pour une courte halte de trois jours, avant de filer à New York souhaiter les quatre-vingt-dix ans de sa grand-mère maternelle. Faire une photo avec son père parce que celui-ci sort ses Mémoires? A vingt-sept ans, on a d’autres préoccupations et l’âge de renâcler. Bref, ce jour-là, dans le Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne, elle aurait pu traîner des pieds. Pour peu qu’elle ait une aversion pour la passion de papa, les animaux, la séance avec les daims aurait même pu virer au supplice… Ce fut le contraire.

Marianne Bougrain-Dubourg, fille unique d’Allain, nous a remerciés de l’initiative: “Enfin! Je me demandais quand ça arriverait. Papa m’a toujours protégée des médias, mais je ne suis plus une enfant et, là, ça me fait vraiment plaisir. J’aime tellement mon père!” Elle a son sourire à lui, un visage qui rappelle celui de sa mère, la chanteuse Jeane Manson, et une grâce voluptueuse mêlée à une infinie courtoisie. « La plupart du temps quand on grandit, on se rend compte que ses parents ne sont pas les modèles qu’on imaginait, moi, c’est l’inverse, assure Marianne. Il est mon héros. J’ai une chance folle. Mon père est un homme, un vrai, sensible, aventurier. Je suis admirative de son combat, et en plus, il est d’une telle modestie! »

De fait, c’est ce qui transparaît quand on lit Il faut continuer de marcher. Petit-fils de général, fils d’un député de Saône-et-Loire et ancien résistant – qui l’a baptisé de son pseudo de clandestin –, Allain a passé sa vie à livrer des guerres sans jamais se pousser du col. En refermant son ouvrage, on se dit que c’est fou ce que notre regard sur les animaux a évolué grâce à des enragés de son espèce, capables de résister aux sourires ironiques des bipèdes bien pensants, comme aux hostilités des Etats, des lobbies, aux agressions des massacreurs d’ortolans landais, comme à celles des braconniers africains. Allain raconte son itinéraire, de ses débuts de cancre qui en pinçait pour les serpents, rapaces et autres mal-aimés jusqu’à sa fonction actuelle au Conseil économique social et environnemental, en passant par ses premiers pas peu glorieux à la télévision.

Il esquisse aussi ses histoires de cœur, dont la plus célèbre avec Brigitte Bardot. Un coup de foudre, des causes et des désespoirs communs, au point d’avoir songé à se donner la mort ensemble. La vie a gagné. Leur couple, non. Même s’ils sont restés amis. Allain a par la suite connu la chanteuse Jeane Manson et ce « bouleversement »: la naissance de Marianne en 1988. « Mes habitudes de célibataire, mon goût pour la navigation à vue cèdent le pas à une attitude plus responsable », écrit-il. Père responsable, il le sera, oui, mais, vite, la cause des animaux lui fera reprendre son bâton de pèlerin à travers le monde. Pas idéal pour le conjungo.

Elevée en Normandie avec sa mère et sa demi-sœur de dix ans son aînée, la future chanteuse Shirel, Marianne connaîtra l’enfance des rejetons de divorcés. « Pas évident, reconnaît-t-elle, mais tous deux m’ont tellement aimée. » Végétarienne comme maman, elle a grandi entourée d’animaux. Mais sans passion aussi définitive que celles de ses parents pour la cause animale et la chanson. La jeune femme a suivi des études de communication, vécu un an à Manhattan de petits boulots, trop loin de papa. Entre eux, le lien n’a jamais été rompu. « Je l’appelle au premier coup de mou, confie Marianne. Il sait me conseiller et n’y va pas par quatre chemins. Il m’a apporté une grande stabilité et m’a appris à respecter la nature et l’humain en général. »

Revenue à Paris pour travailler dans le théâtre, elle s’est vu proposer, au hasard d’une rencontre, un poste de productrice sur la chaîne israélienne i24news. Direction Tel Aviv. « Ce qui me permet de rattraper le temps perdu et de profiter de ma sœur qui y vit depuis dix-huit ans avec ses deux enfants, glisse-t-elle. Nous habitons à deux minutes l’une de l’autre. » Ne lui manque que son père. Photos faites, on s’empresse de le lui laisser. Ces deux-là ont trop de choses à se dire.

De retour en Israël, Marianne ira dans une fourrière pour adopter un chat. « Ça fait six mois que j’en rêve, je me sens si seule sans animaux. » Les chiens ne font pas des chats…

Crédits photos : Thomas Vollaire

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