Une étude du journal Plos Biology révèle que l’industrie du sucre connaissait les effets nocifs du saccharose depuis la fin des années 60 mais a tout fait pour le cacher aux consommateurs. Une stratégie semblable à celle menée par l’industrie du tabac.
Sommaire
- Rejeter la faute sur les aliments gras
- Des dangers connus depuis 1968
- La science boycottée par l’industrie du sucre
- Des études scientifiques manipulées
- Jeter le discrédit sur les recommandations nutritionnelles
Dans les années 60, dire qu’une alimentation riche en sucres et en graisses augmentait le risque de
maladies cardiovasculaires, était tout nouveau. Et il se pourrait que l’industrie du sucre ait tout fait pour le cacher. D’après une étude publiée mardi dans le journal Plos Biology, la International Sugar Research Foundation (anciennement connue sous le nom de Sugar Research Foundation) a mis en place des stratégies très sophistiquées pour minimiser la responsabilité du sucre dans le risque cardiovasculaire.
Financée par l’industrie du sucre, cette organisation scientifique a pour but de mettre en avant les bénéfices du sucre d’un point de vue nutritionnel.Rejeter la faute sur les aliments grasEn plus de cacher les effets nocifs du sucre sur la santé, “l’industrie du sucre aurait également voulu faire croire que le risque cardiovasculaire augmentait uniquement à cause des aliments gras et non pas des aliments sucrés“, clame Stanton Glantz, co-auteur de l’étude. Ce qui est totalement faux.Des dangers connus depuis 1968
Glantz et ses collaborateurs ont mis la main sur plusieurs documents internes de la International Sugar Research Foundation. Ils sont notamment tombés sur une étude datant de 1968 et menée sur des animaux.
Les résultats de ces travaux avaient montré qu’une alimentation riche en sucre faisait augmenter les taux de
triglycérides dans le sang. Or, un taux élevé de triglycérides dans le sang augmente le risque de
crise cardiaque et d’
accident vasculaire cérébral. Aussi, cette étude indiquait que les animaux ayant eu un régime riche en sucres présentaient des taux élevés d’une enzyme associée au risque de
cancer de la vessie.Problème, ces travaux n’ont pas été publiés et l’étude a été arrêtée avant que le chercheur (payé par la Sugar Research Foundation) n’ait terminé ses tests. Glantz rapporte que ce dernier a demandé plus de temps pour poursuivre ses travaux mais cela lui a été refusé et tout a été stoppé.La science boycottée par l’industrie du sucrePour se justifier, la Sugar Research Foundation a évoqué un problème de moyens financiers et de retard de publication des résultats. Aussi, ces travaux tombaient au mauvais moment. L’Organisation était “en pleine restructuration“, selon un communiqué de la Sugar Association (en lien avec la Sugar Research Foundation).Des études scientifiques manipulées
Stanton Glantz et ses collaborateurs expliquent que les différentes polémiques sur les effets du sucre sur la santé ont été édulcorées par l’industrie agroalimentaire qui a manipulé des études scientifiques.
Le lien entre alimentation riche en sucres et maladies cardiovasculaires est évoqué depuis seulement quelques années alors qu’il a été établi il y a plus de 50 ans !Jeter le discrédit sur les recommandations nutritionnellesPour le Dr Cristin Kears, professeur à l’Université de Californie et co-auteur de l’étude, l’industrie du sucre “a beaucoup d’argent et d’influence“, deux outils qu’elle utilise pour discréditer les recommandations nutritionnelles émises par le Dietary Guidelines for Americans sur les sucres ajoutés (qui ne doivent pas dépasser 10 % des calories ingérées chaque jour).