Et si le soutien-gorge était un accessoire superflu? Enquête sur un phénomène qui gagne du terrain.

Ces derniers mois, dans la rue et sur les red carpets, nous avons vu «pointer» chez les célébrités l’usage immodéré du sein en liberté, une vague de mamelons triomphalement exhibés. Dans un premier temps, nous avons conclu à des oublis, des négligences, voire des incongruités, avant de déceler une véritable lame de fond stylistique. Retour de la vague féministe qui préconisait de brûler le soutien-gorge, exhibitionnisme toujours plus poussé? Toujours est-il que «Allô? Si t’as un soutien-gorge, tu es has been».

Fin 2013, les stars assument leurs corps et imposent leur féminité sans complexe, déclenchant des nipplegate à chaque coin de rue. A cinquante-trois ans, par exemple, Sharon Stone a définitivement rompu avec ce sous-vêtement, assumant un taux de sexytude inversement proportionnel à l’âge toujours plus tendre de ses amoureux. Miley Cyrus, débarrassée de ses cheveux mi-longs, de sa réputation de teenager proprette et de Liam Hemsworth, son amoureux aux dents blanches, n’en porte guère, s’armant cependant en public de curieux cache-têtons de strip-teaseuse. Laeticia Hallyday, que la nature n’a pas dotée d’un imposant bonnet, n’en porte quasi jamais. Tout comme Alessandra Sublet dont les apparitions estivales font monter la température de quelques degrés. Et peu importe que les motivations soient variées, l’essentiel étant que personne, aujourd’hui, ne considère plus un sein en liberté comme tabou. Chez Angelina Jolie, par exemple, l’abandon du soutien-gorge est devenu comme une prise de position assumée. Passée par la chirurgie esthétique – à la suite d’une mastectomie bilatérale afin de prévenir les risques de cancer du sein –, la star, qui porte des prothèses, ne feint pas, depuis, de rechercher du soutien. Une volonté de se montrer si osée parfois – avec le port notamment d’une chemise transparente – qu’elle évoque certainement une envie de réparation narcissique après l’aveu d’une opération qui portait atteinte à la fois à sa féminité et à son image.

Le meilleur, c’est que, selon de récentes études, toutes ces stars nauraient pas tort. Le port du soutien-gorge n’aurait, dans certains cas, d’effet qu’esthétique. Il ne ferait pas travailler les muscles de la poitrine, l’incitant paradoxalement à s’affaisser et contribuant à une mauvais posture dorsale due à la pression de l’élastique. C’est un professeur du CHU de Besançon, Jean-Denis Rouillon, médecin du sport, qui a validé cette hypothèse, en mesurant les poitrines de 130 femmes en octobre dernier. Depuis, son étude a fait le tour du monde. Selon lui, «le soutien-gorge est un faux besoin (…) sans, les patientes respirent mieux, se tiennent plus droites, ont moins mal au dos et la poitrine se réhausse de fait.» Une étude troublante qui pourrait porter atteinte à nos 100 euros de dépenses annuelles pour l’objet, à ce détail près que le docteur lui-même a ajouté un bémol à ces résultats, arguant que l’étude ne portait ni sur les bonnets au-delà du C, ni sur les femmes non sportives. N’empêche, Corinne Le Sauder, présidente du syndicat des médecins ostépopathes note également qu’«il est vrai que les bretelles appuient sur les muscles des épaules qui sont des muscles respiratoires».

De quoi encourager celles qui en ont l’envie, les moyens esthétiques et l’audace, donc, à jeter leur soutien-gorge aux orties. Maintenant, cette tendance prendra-t-elle chez le quidam sans que les regards pesants des collaborateurs de l’entreprise ou des passants ne deviennent gênants? On se souvient que, en 1986, la Cour de cassation avait donné raison à un employeur qui avait limogé une salariée venue au travail seins nus sous un chemisier transparent, s’en référant à «la décence et aux mœurs dominants». De fait, si les poitrines se libèrent des soutiens-gorge, elles n’en seront pas moins prisonnières des regards. Un postulat à assumer!

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