Dans les années 50, l’affaire Ed Gein a passionné et terrifié les Américains. Meurtrier et pilleur de tombes qui confectionnait des objets avec des restes humains, il n’a cessé d’inspirer le cinéma et les séries à travers les âges…

1. Psychose (1960)
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Certains éléments de la personnalité de Norman Bates, le héros d’Alfred Hitchcock dans Psychose, sont directement inspirés d’Ed Gein. Hitchcock a lui-même trouvé son inspiration dans le roman Psycho de Robert Bloch.
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© Capture d'écran

“Inspiré de faits réels”. “Tiré d’une histoire vraie”…

Lorsque ce petit avertissement surgit au début d’un film, c’est comme si un déclic inconscient se produisait dans notre tête. Ce qu’on s’apprête à voir a véritablement eu lieu dans la vie. Et lorsqu’il s’agit d’un film à frisson, de suspense, d’horreur ou d’épouvante, cet avertissement génère souvent une appréhension avant même que le film n’ait commencé. Les monstruosités qu’on s’apprête à voir ont véritablement été commises par quelqu’un…

Au cours des décennies, de nombreux sordides faits divers et de nombreux tueurs psychopathes ont inspiré la fiction. Aux Etats-Unis, le cinéma s’est abreuvé de toutes les histoires de tueurs en séries possibles, piochant chez l’un, piochant chez l’autre, des caractéristiques et des bizarreries promptes à effrayer le public. Mais, certains de ces tueurs ont clairement dépassé le quota de fascination. C’est le cas d’Ed Gein.

Ed Gein est l’un des premiers tueurs en série à avoir défrayé la chronique aux Etats-Unis. La découverte de ses méfaits – nécrophilie, meurtres, dépeçage de cadavres, etc. – a profondément choqué l’Amérique de la fin des années 50 et a marqué, en quelque sorte, la fin d’une innocence.

Celui qu’on appelait alors “Le boucher de Plainfield” a tellement fait la Une des journaux de l’époque qu’il a, sans surprise, inspiré par la suite de nombreuses fictions, comme le roman Psychose et son adaptation au cinéma (1960) mais aussi Massacre à la tronçonneuse (1974) ou encore Le Silence des Agneaux (1991). Comme le dit si justement le reporter Dan Hanley dans le documentaire Ed Gein d’Alex Flaster (2004) : “Les bons auteurs de fiction pouvaient s’inspirer d’Ed Gein pour créer à peu près tous leurs personnages de films d’horreur. Parce qu’à lui seul, il en a toutes les caractéristiques“. Des caractéristiques qui marquent effectivement à jamais…

A l’assaut de la maison des horreurs

Tout commence – ou plutôt tout fini – le 16 novembre 1957 dans la petite ville de Plainfield, dans le Wisconsin, située à seulement 50 km de l’endroit où réside un certain Robert Bloch, celui qui finira par écrire Psychose deux ans plus tard.

Ce jour-là, la disparition de Bernice Worden, qui gère la quincaillerie locale, est signalée. La police interroge Ed Gein, 51 ans, car il est le tout dernier client à avoir fréquenté le magasin. A l’époque, ce dernier est considéré comme un vieux garçon solitaire, un peu bizarre mais très serviable, qui effectue tout un tas de petits travaux dans la ville. Dans sa déposition, Gein s’emmêle un peu les pinceaux et la police se rend chez lui pour poursuivre l’enquête.

Ils découvrent un endroit sinistre, proche du dépotoir, sans électricité et presque abandonné. A l’intérieur, ils retrouvent Bernice Worden, pendue par les pieds, décapitée et étripée comme un animal puis font tout un tas de découvertes terribles : morceaux humains dans des bocaux, bols confectionnés avec des crânes, un fauteuil fait de lambeaux de peaux, des rideaux, des gants ou encore des abat-jours fabriqués en peau humaine…

La police trouve également un sac contenant la tête d’une femme disparue mystérieusement trois ans plus tôt, Mary Hogan, la propriétaire d’un bar qu’Ed Gein fréquentait. Immédiatement arrêté, Gein avoue deux meurtres, expliquant que tous les autres restes humains découverts dans sa maison proviennent en réalité de cadavres qu’il a volés la nuit dans les cimetières du coin. Déclaré irresponsable et inapte à suivre son procès, il est envoyé en hôpital psychiatrique. En 1968, il a droit à deux nouveaux procès, le second le déclarant finalement non coupable car mentalement irresponsable. Il finira sa vie en institut psychiatrique.

“Une mère est la meilleure amie qu’un garçon puisse avoir”
Comme dans Psychose, le coeur de l’affaire Ed Gein trouve sa source dans la relation dysfonctionnelle entre une mère et son fils. Né à La Crosse en 1906, Ed Gein grandit à Plainfield aux côtés de son frère, de leur père alcoolique et de leur mère, fanatique religieuse. Pendant de nombreuses années, la famille mène une existence tranquille, même si, à la maison, Augusta Gein domine et humilie à tour de bras, apprenant même à ses fils que les femmes sont des pécheresses et que le monde est bourré d’immoralités.

Augusta punit même ses enfants lorsqu’ils se font des amis de leur âge. Obsédé par cette mère qu’il admire et redoute à la fois, Ed Gein aurait grandi en marge des autres, physiquement mais aussi émotionnellement. A l’époque, il aurait d’ailleurs souffert des brimades de ses camarades qui le trouvaient efféminé. A 13 ans, il quitte finalement l’école et finit par fréquenter uniquement les membres de sa famille.

Dans le documentaire d’Alex Flaster, Harold Schechter, l’auteur de Deviant, décrit leur ferme de 80 hectares comme un “véritable incubateur de folie“. Un endroit désertique qui rappelle d’ailleurs fortement la propriété de la famille de Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse (que Gein finira aussi par remplir de ses objets fabriqués).

Cet isolement va s’aggraver puisqu’en seulement quelques années, Ed Gein va perdre tous les membres de sa famille. Son père meurt d’une crise cardiaque en 1940 et son frère Henry décède dans un incendie louche quatre ans plus tard, un accident qui n’a jamais pu être imputé à Ed même si les doutes étaient sérieusement permis. Il vit alors seul avec sa mère pendant quelques mois avant que cette dernière ne tombe malade et ne décède en 1945. Gein a alors 39 ans. Dévasté, il prie pour son retour, préserve les pièces qu’elle fréquentait comme les pièces d’un musée et finit par laisser libre cours à ses délires…

Pour devenir une femme ?
Selon les psychiatres qui l’ont évalué après son arrestation, sa déroute aurait pris sa forme maximale en quelques années après le décès de sa mère. Son déséquilibre mental aurait alors débouché sur une psychose. Ed Gein aurait souffert de schizophrénie, d’hallucinations et aurait alors pensé être l’instrument de Dieu. Après avoir porté les vêtements de sa mère, il aurait tenté de la ressusciter en visitant les cimetières où il déterrait des corps de femmes. 

Harold Schechter explique à ce sujet dans Ed Gein : “Une partie de Gein cherche à retrouver la présence physique de sa mère à la maison, tandis que l’autre se complait dans la profanation de cadavres.” Il va alors se fabriquer un costume de femme, comme pour en devenir une à son tour : une “veste mammaire” avec un torse de femme, des sortes de jambières avec la peau tannée des jambes d’une femme et il va également récupérer des organes génitaux féminins. Confectionner des habits avec des restes humains de femmes se retrouve clairement chez Leatherface mais aussi chez le Buffalo Bill du Silence des Agneaux (avec en plus l’idée de travestissement).

La fascination jusqu’à aujourd’hui
Relation avec la mère, isolation, folie, travestissement, fabrication d’objets avec des restes humains… Les caractéristiques de l’histoire d’Ed Gein se sont retrouvées mélangées un peu partout dans la fiction moderne quand son histoire n’a pas été racontée de A à Z dans des biopics. Le cinéma, les séries, la bande-dessinée, la peinture, les jeux vidéo et même la musique se sont penchés – et continuent de le faire – sur ses terribles actions et sa personnalité encore bien mystérieuse, dénotant la fascination exercée par l’horreur qui vient du réel. Dans American Psycho, cette tendance est d’ailleurs montrée à son extrême par l’entremise de Patrick Bateman, lui-même serial killer et grand admirateur de Ted Bundy et Ed Gein.

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Avant que la propriété d’Ed Gein ne soit incendiée en mars 1958, elle avait été mise aux enchères, ainsi que sa voiture qui avait fini par être rachetée pour être placée dans une foire, le public payant pour voir la voiture du “boucher de Plainfield”. A sa mort en 1984, à l’âge de 77 ans, Ed Gein a été enterré aux côté de sa “meilleure amie” et de la seule femme de sa vie, sa mère. Après son enterrement, sa pierre tombale a été volée (puis retrouvée) et, dans les années qui ont suivi, sa tombe a récolté des tas de lettres et de fleurs. Quand la réalité veut rejoindre la fiction ?

Psychose, la première exploration d’Ed Gein :

Psychose Bande-annonce (3) VO

 

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